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La critique

LA DRYLINE FAIT FACE À PLUSIEURS CRITIQUES

Certains experts sont réticents face à l’idée du projet proposé par BIG comme étant une solution exemplaire à tous les égards. En réalité, le projet contient plusieurs lacunes et soulève des questionnements. 

 

C’est le cas entre autres du scientifique Jacob Klaus qui déplore la problématique de la projection du projet à long terme et du mur d’une hauteur fixe. La Dryline a été conçue selon les prédictions de la montée des eaux de 2050 cependant l’eau qui continuera de monter et les ouragans qui continueront de s’abattent sur la ville pourrait rendre les installations prévues vite désuètes. Cela pose un problème éthique soulevant l’égoïsme de prévoir quelque chose qui pourrait devenir un fardeau pour les générations futures. Celui-ci pense plutôt que la ville pourrait s’adapter vis-à-vis les changements climatiques en accueillant l’eau dans la ville plutôt que de tenter de la repousser. Ce scientifique fait ressortir un élément intéressant en proposant de laisser entrer l’eau sur Broad Street comme à l’époque néerlandaise. 

Manhattan - 1660 

Source : Wikimedia

La deuxième solution selon lui serait de relocaliser les personnes situées dans les zones inondables ailleurs dans la ville entre autres au cimetière de Greenwood, un grand territoire vaste situé à 220 pieds au-dessus du niveau de la mer. Plusieurs autres experts sont du même avis que lui. Ils croient qu’il serait avantageux d’acquérir les maisons dans les zones côtières inondables pour se doter d’une marge de manœuvre avec ses terres humides. Évidemment, ce processus est plus complexe et prend du temps à devenir réalité. Cependant, ils pensent qu’ils faudrait cesser de construire près du front de mer pour entamer le processus selon une vision à long terme. 

 

Certains font remarquer que la ville de New York fait des efforts pour se rendre plus résiliente en vue d’un autre ouragan de type Sandy. En vérité, les chances que la prochaine catastrophe naturelle soit de même ampleur sont très minces, la prochaine pourrait être encore plus dévastatrice. Qu’en est-il de la préparation face aux multitudes autres phénomènes pouvant atteindre la ville ? On craint beaucoup la hausse du niveau de la mer et les prochains ouragans, mais on semble oublier que les changements climatiques amèneront plusieurs autres inconvénients. Par exemple, les vagues de chaleur extrême, les précipitations abondantes, les sécheresses et bien d’autres phénomènes extrêmes qui affecteront tout autant les résidents. Selon plusieurs experts, cette partie un peu plus négligée de la Dryline se doit d’être plus élaborée puisqu’il est tout aussi important que la ville soit prête pour cela.

 

Nul doute, la catastrophe à laquelle New York a fait face à l’automne 2012 en a ébranlé plus d’un, mais le projet prévu par BIG prend-il suffisamment compte de l’importance de la sensibilisation et de l’éducation du grand public face aux changements climatiques ? Mis à part l’aquarium laissant apercevoir le niveau de l’eau montée prévu dans la section C3 dédiée plutôt au touriste, rien ne semble avoir été réfléchi pour sensibiliser davantage les résidents. Du point de vue de plusieurs, cette fonction n’est pas négligeable puisqu’elle permettrait d’encourager l’action globale des citoyens pour l’adaptation au changement climatique tout en les motivant à modifier leur mode de vie néfaste. 

L'aquarium inversé proposé par BIG dans le projet de la Dryline

Source: The Museum, BIG Team. « The Big U »

De plus, on peut se questionner à savoir pourquoi plusieurs habitants de New York ne se sentent toujours pas en sécurité malgré les millions de dollars déjà déboursés par la ville. Une multitude de personnes dénonce le fait que le calendrier de mise en œuvre est défaillant. Effectivement, le projet de la Dryline débutera en 2020, mais mettra plusieurs années avant d’être terminé, ce qui fait craindre le pire aux habitants puisqu’une catastrophe naturelle pourrait les atteindre en tout temps. En ce sens, la mise en œuvre des modifications du code du bâtiment prend aussi beaucoup plus de temps que prévu en inquiétants plus qu’un. Ceux-ci estiment que la prochaine catastrophe qui atteindrait New York pourrait être beaucoup plus dévastatrice si par exemple elle devait avoir lieu lors d’une vague de chaleur laissant les immeubles de plus de 30 étages sans électricité pour plus de deux semaines cette fois. Les personnes âgées se verraient davantage vulnérables et le bilan des décès pourrait s’avérer beaucoup plus lourd cette fois. Tous ces scénarios doivent évidemment être pris au sérieux dans l’adaptation de la ville et de ses bâtiments. 

 

À la lumière de ceci nous pouvons affirmer que les opinions restent mitigées face au projet de la Dryline. Des questions sur les coûts, le calendrier, la faisabilité et l’efficacité méritent une attention particulière pour convaincre la majorité des sceptiques. Ceci étant dit, New York est dans la bonne direction pour devenir une ville résiliente, mais encore beaucoup de travail reste à faire. 

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